Féodalité
: liens qui unissent le vassal à son suzerain
(l'hommage et le fief).
Le vassal engage sa personne, sa foi et sa fidélité au service
d'un homme qui, en échange, lui promet protection et assure sa
subsistance par l'octroi d'un fief.
La chevalerie est un des cadres de l'organisation de l'aristocratie militaire en un ordre où l'on entre par cooptation personnelle. Elle est au XI° siècle la réplique de l'émergence de nouveaux pouvoirs économiques et sociaux, liés à la renaissance commerciale et à la croissance urbaine.
Le chevalier est alors celui qui a les moyens d'entretenir chevaux et armes, qui a la vigueur et l'expérience nécessaires pour le combat. On y retrouve les anciennes familles des grands de l'époque carolingienne (souvent détentrices des pouvoirs démembrés du ban royal : comtes, châtelains), mais aussi on y rencontre les descendants d'alleutiers (dans le Midi), des hommes libres entrés en vassalité, des anciens ministres ou des artisans, des soldats issus de la paysannerie et distingués par leurs exploits.
Au XII° siècle, la chevalerie devient autre chose qu'un groupe professionnel : elle s'érige en communauté sociale et éthique, elle se moralise. "Paix de Dieu" et "Trêve de Dieu" supposent la participation active des détenteurs du ban, et en particulier des châtelains. Les chansons de geste font alors l'apologie d'une chevalerie où la prouesse est une vertu morale avant d'être une démonstration de force et d'adresse.
Louis VI se fait armé chevalier à l'insu de son père (1097). Méfiance manifesté envers un groupe professionnel hétéroclite, mais depuis, aucun roi de France n'a manqué de se faire armer chevalier.
Rituel de l'entrée en vasselage
Le vassal, tête nue et à
genoux, place ses mains jointes entre celles de son
seigneur pour lui prêter hommage et prononcer le serment
de fidélité que vient renforcer le baiser de paix. |
Le rituel
chevaleresque se fixe au XII° siècle. Il comprend une partie
militaire (l'adoubement) et une partie religieuse (bénédiction
des armes, serments).
Partie militaire : elle est significative de la
cooptation et de l'initiation à travers une reconnaissance des
aptitudes.
Partie religieuse : elle traduit la
christianisation de l'institution par une église désireuse de
conforter sa mainmise sur la société et ses institutions de
paix. Cela concourt à donner à l'ordre chevaleresque les bases
de sa fonction éthique.
Dès le
XIII° siècle, une tendance à l'hérédité se
manifeste.
Le fils du chevalier (miles) est écuyer (scutifer), ce qui
affirme son aptitude. Même, le simple écuyer est tenu pour
noble, et même si, faute de capacité physique ou économique,
il ne se fait jamais recevoir chevalier.
La chevauchée.
C'est le service militaire dû par le vassal hors de la
seigneurie de son seigneur, soit pour une rapide expédition,
soit pour un voyage appelant une escorte. Cette forme d'aide est
limitée par les coutumes à 40 jours.
Le cas le plus célèbre est celui du comte de Champagne Thibaut
IV qui, sa quarantaine finie, abandonne en 1226 la chevauchée
royale pendant le siège d'Avignon.
Une telle coutume rend vaine une expédition un peu lointaine (le
temps d'opération étant ramené à peu de choses par les
délais de la route). De plus en plus, on voit les vassaux rester
en service, mais bénéficier à partir de ce moment d'une
rémunération.
Au XIII° siècle, la coutume ne permet aux vassaux de refuser
que s'il s'agit de sortir du royaume.
Dès le XI° siècle, mais surtout à partir du XIII°, on en
vient aussi à solder pendant toute l'expédition les chevaliers
les moins fortunés.
L'ost, qui est un moyen de défense de la seigneurie, a une durée illimité, puisque le vassal ne saurait mesurer son aide au seigneur en danger.
A la fin du XII° siècle, les nobles jugent avantageux de se dire chevalier. Au XIII° siècle, le chevalier l'emporte sur le simple noble. Le bouleversement des mentalités se manifeste dans les appelations. Simple qualificatif précisant une aptitude vers l'an mil, le mot chevalier (miles) est énoncé à partir des années 1030 comme un titre significatif d'une particulière honorabilité. L'usage nee divient systématique qu'au siècle suivant.
Le métier
des armes exige que l'on soit libre, et riche surtout
pour pouvoir acquérir un heaume, un haubert, un ou deux
destrier. Mais il ne suffit pas de posséder des biens, il faut
également consacrer beaucoup de temps à la préparation
militaire, s'entraîner sans relâche dans de furieux et
sanglants tournois.
Tout chevalier digne de ce nom doit, pour soutenir cet
entraînement, posséder de grandes qualités et en fournir la
preuve publique : ce sont les cérémonies de l'adoubement ou
l'impétrant, un adolescent parvenu à l'âge d'homme, est armé
par un chevalier de renom et jugé dans des exercices sportifs
par ses futurs pairs.
L'église intervient très tôt dans la cérémonie de l'adoubement en la sacralisant, bénissant les armes du chevalier et exigeant de lui qu'il jure de consacrer son épée au service de dieu et à la défense de la justice.